Je demande solennellement que la prescription sur les agressions, les maltraitances, mentales, physiques, sexuelles soit abolie. Isabelle Krief Présidente de La Voie Des Femmes

Parce que l’Enfant est l’avenir du Monde, les adultes doivent conduire les enfants sur le chemin du bien vivre ensemble.

Et ce chemin commence dès l’instant où l’enfant apparaît.

Quand on maltraite un enfant, on maltraite l’Humanité !

Nous devons préserver l’Enfant dans son intégralité, afin qu’il puisse se construire une vie digne.

L’Education d’un enfant se fait à chaque instant, au sein du foyer, dans la société, à l’Ecole.

Combien d’enfants meurtris n’ont pas trouvé l’instant T pour exprimer leurs incertitudes, leurs douleurs, parfois enfouis au plus profond d’eux-mêmes, ces secrets que l’on garde des années, jusqu’au jour où ces secrets ressurgissent et on éprouve le besoin de se confier, de dire les choses, d’oser raconter une histoire horrible, des séances d’attouchements, des attitudes incestueuses, de la maltraitance, du viol, des viols …

Quand on sait que le mal être qui s’installe et qui perdure peut provoquer la déroute d’une personne, ne devrait-on pas penser à abolir la prescription sur les maltraitances mentales, physiques, sexuelles, afin que l’enfant qui a grandi puisse un jour se libérer de ce joug qui torture sa vie.

Comment rester insensible quand on sait que nos prisons sont pleines d’adultes et d’adolescents qui n’ont pas pu exprimer leur ressentiment face à une injustice, une incompréhension, un problème d’écoute, les non-dits, ces silences pesants qui font que l’on garde au fond de soi un mal être qui nous ronge, faisant parfois de ces enfants des adultes infréquentables, voire criminels.

Combien d’entre eux finissent par répéter les attitudes subies, combien se réfugient dans les paradis artificiels, les addictions, les TOC, finissent par avoir des maladies chroniques invalidantes, s’auto-  mutilent, etc, etc.

Ne vaut-il pas mieux investir dans une société du bien vivre ensemble que de construire des prisons, ou de financer des soins permanents à vie pour soigner des maladies chroniques évolutives ?

Combien de gens sont soignés pour des maladies liées à des souffrances subies dans leur enfance ?

Alors il est grand temps de construire une société où la parole des victimes de maltraitances, mentales, physiques, sexuelles ne doit pas se figer dans le temps, il est grand temps d’abolir la prescription sur les maltraitances, les violences mentales, sexuelles afin que les victimes puissent s’exprimer quand elles en éprouvent le besoin, peu importe que ce soit juste après les faits où des années après les faits.

Il est grand temps que la Société reconnaisse aux victimes de maltraitances, de violences physiques, sexuelles, mentales, qu’elles n’ont pas de délai pour s’exprimer, peu importe à quel âge la victime a subi, qu’elle ait été victime dans son enfance ou à l’âge adulte, aucune victime de violences ne doit subir la double peine d’être limitée dans le temps pour exprimer sa douleur et être reconnue victime de violences.

Ces enfants, ces femmes, ces hommes qui portent le poids de leurs douleurs doivent pouvoir s’exprimer librement au moment où ils le peuvent, parce que la souffrance, elle, ne se limite pas dans le temps, elle perdure et peut provoquer des dommages considérables et à vie.

La Société se porterait mieux, les prisons seraient moins pleines si la prescription était abolie.

Je demande solennellement que la prescription sur les agressions, les maltraitances, mentales, physiques, sexuelles soit abolie.

Isabelle Krief

Présidente de La Voie Des Femmes